lundi, mai 07, 2007

Quand le syndicalisme milite contre les droits de l'homme



Depuis 1789, l'humanité a pris une réelle conscience de l'importance de garantir des droits inaliénables à tout individu vivant sur terre. Pourtant, plus de 200 ans plus tard, le Québec a encore un certain retard en matière de droit de l'homme, et les principaux responsables ne sont nuls autres que les syndicats.

Il y a presque 60 ans, soit le 10 décembre 1948, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté le texte le plus important de son histoire, la Déclaration universelle des droits de l'homme. Ces droits sont définis comme "l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l'esprit, s'efforcent, par l'enseignement et l'éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d'en assurer, par des mesures progressives d'ordre national et international, la reconnaissance et l'application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats Membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction. " Bref, la plus haute organisation internationale de la planète se prononce pour la promotion de ces droits fondamentaux. Ça reste un idéal, mais c'est tout de même un objectif essentiel à atteindre.

Et vous allez me dire :"Et les syndicats là-dedans?". Vous n'êtes pas sans savoir que le Canada permet la formule Rand (depuis les années 50, via un jugement de la Cour suprême du Canada). Ce que cela signifie, c'est que les salariés d'une entreprise syndiquée sont obligés de cotiser financièrement au syndicat. Toutefois, la réalité, c’est que cette petite porte ouverte a mené à des abus. En effet, non seulement tout travailleur est contraint de participer au financement de son syndicat (même s’il n’en veut pas), mais en plus, les syndicats forcent les salariés à adhérer au syndicat. Certains me diront que techniquement, nous ne sommes pas obligés d’adhérer à un syndicat. La réalité (pour ceux qui vivent sur la même planète que moi), c’est tout autrement. Prenons l’exemple de l’ancien professeur de droit du travail, M. Réjean Breton, qui malgré son hantise légendaire pour le syndicalisme, était néanmoins contraint à être membre de son syndicat (à ce sujet, voir http://cc.msnscache.com/cache.aspx?q=8132421164313&lang=fr-CA&mkt=fr-CA&FORM=CVRE). Bref, aucun emploi syndiqué ne va laisser le choix au postulant s’il désire ou non adhérer au syndicat. C’est « Tu signes ou tu vas voir ailleurs ».

Pour en revenir aux droits humains, l’article 20 (2) de la Déclaration énonce que « 2. Nul ne peut être obligé de faire partie d'une association. ». Le Canada a signé cette déclaration, mais ça n’a pas empêché la Cour suprême d’errer et de rédiger des jugements qui allaient à l’encontre de ce droit fondamental, et encore moins les syndicats de tirer sur tout ce qui parle d’abolir la formule Rand. Au Québec, cette pratique a été codifiée à l’article 47. Pour les syndicalistes, c’est un sacrilège de ne pas vouloir d’un syndicat. Le syndicat est l’unique détenteur de la vérité absolue et des valeurs humaines.

Quand on pense que dans les anciennes tribus d’à peu près toutes les civilisations, nous avions toujours une forme d’organisation bicéphale. Il y avait un chef de village et toujours une sorte de maître spirituel (par exemple, un sorcier). Dans l’histoire du Québec, la spiritualité était occupée par le curé du village et/ou le clergé. Mais depuis les années 60, étant donné que la religion a pris un important recul, ce sont indéniablement les syndicats qui sont devenus le « sorcier » du village et qui ont remplacé l’église catholique (à ce sujet, je vous suggère de lire « Le national-syndicalisme » de Réjean Breton et Brigitte Pellerin, aux Éditions Varia). Les syndicats ont une puissance démesurée. Marc Bellemare disait : « Le Premier ministre, c’était Henri Massé » (Journal Le Soleil, vendredi le 17 février 2007). C’est devenu un péché grave de questionner l’autorité syndicale, surtout dans une démocratie syndicale de fiers-à-bras où les votes se font à main-levée.

Je m’adresse donc aux syndicalistes : quand donc allez-vous enfin respecter les droits humains fondamentaux?